
«Voyageur, il n'y a pas de chemin; le chemin on le fait en marchant.»
— Antonio Machado |
Après environ 40 minutes à monter, je me suis retrouvée, bien perplexe, devant une impasse. La piste arrêtait soudainement! À droite, c’était la forêt sauvage… À gauche, il y avait un ruisseau d’environ quatre mètres de large. Où étais-je donc supposée aller? Je ne me voyais pas marcher dans la forêt, bien sûr – ç’aurait été à la fois désagréable et dangereux. Et bien que j’aurais pu franchir le ruisseau assez facilement, ce n’était certainement pas la voie à emprunter; les pierres étaient toutes croches, glissantes, pas alignées… Et je ne cherchais pas un ruisseau, de toute façon, je cherchais le sentier! Je cherchais le chemin officiel, le chemin en terre tapée, le chemin qui avait été spécialement prévu à cet effet… Le chemin tel que je l’avais imaginé.
Bien que très incrédule devant cette impasse (comment un sentier pouvait-il se terminer ainsi?), je ne voyais d’autre option que de revenir sur mes pas. Ce sera pour une prochaine fois, les magnifiques paysages panoramiques! Juste après que cette pensée m’ait effleuré l’esprit, par contre, j’ai remarqué qu’un sentier se dessinait un peu plus loin… Il commençait de l’autre côté du ruisseau, en fait. L’autre côté du ruisseau? C’est là que j’ai compris: la façon de continuer ma randonnée était, ma foi, de traverser ce petit cours d’eau! C’était donc le «chemin officiel» que je cherchais… c’était la prochaine étape vers le sommet. Oh, je n’avais aucun problème avec cette idée – au contraire, la perspective de marcher sur l’eau ne pouvait que m’enchanter… ;-) Mais je n’aurais jamais pensé que c’était par là que j’étais supposée passer.
Avant de poursuivre, voici une photo que j’ai prise une fois rendue sommet (si elle n’apparaît pas, vous pouvez la voir ICI):

On a généralement des attentes bien précises en ce qui concerne nos sommets personnels, et les moyens à prendre pour y arriver… Des attentes qui nous aident à nous orienter, parfois, mais qui peuvent aussi nous limiter. Quand on se retrouve devant un amas de pierres couvertes d’eau, alors qu’on cherchait un sentier de terre, notre première réaction est bien souvent de se sentir perdu et de s’arrêter – même s’il s’agit du plus joli des ruisseaux, même si c'est là que l'on doit aller, même s’il y a plein de grandes roches plates où poser nos pieds. On sait bien qu’on pourrait le traverser, mais ça ne nous semble tout simplement pas assez vrai, pas assez officiel… Et dès qu’on perd l’«officiel», on perd notre sécurité.

C’est souvent lorsqu’on accepte de marcher sur les roches mouillées et un peu toutes croches que l’on s’approche des beaux sommets vers lesquels on se sent appelé. C’est souvent en empruntant le chemin le moins officiel que l’on parvient aux sommets les plus spectaculaires, en fait, comme vous l’avez probablement déjà remarqué. Et même si on mettait les sommets spectaculaires de côté, je dirais que c’est en acceptant de dire oui à ce qui est là que notre vie devient véritablement exaltante… Car bien qu'il soit absolument extraordinaire d’admirer la vue d’en haut, on peut avoir beaucoup de plaisir, aussi, à traverser nos petits ruisseaux!
Je vous laisse là-dessus pour aujourd’hui… Passez une superbe semaine – douce et belle à tous les points de vue. :-)
