Faites-vous confiance et vous saurez comment vivre.»
– Goethe
Dès les premières minutes de ma randonnée, quelque chose de phénoménal s’est passé. Oh, je peux difficilement exprimer à quel point j’ai vibré dans cette forêt enchantée! Alors que je me concentrais à marcher sur les pierres mouillées, à éviter les racines et à chercher la bonne prise pour monter les rochers (le sentier que j’avais choisi était «très difficile», selon mon petit guide…), une détente incroyablement profonde a commencé à m’habiter. Mon cœur battait follement, mais il n’avait pas été aussi en paix depuis longtemps. Il faut dire que mon année 2011 avait commencé de façon assez intense… J’avais vraiment besoin de repos, du type de repos que seules l’activité physique, la nature sauvage et les crampes aux mollets peuvent nous procurer.
Je suis donc allée en montagne de nouveau. Et de nouveau. Et de nouveau.
À la fin de ma troisième ou quatrième randonnée, impressionnée par cette délicieuse allégresse qui m’envahissait, une pensée m’est venue spontanément à l’esprit: «Hmm, ce serait vraiment super si je pouvais gravir une montagne tous les jours». C’était une voix semblable à celle qui m’avait invitée à grimper des montagnes en premier lieu. En fait, c’était beaucoup plus qu’une voix ou qu’une simple pensée… C'était un élan, qui venait du plus profond de mon être, comme une soif intense qui demandait à être étanchée. Il n’y avait absolument rien, rien, rien au monde que j’aurais davantage désiré.

L’élan était trop fort pour y résister, cela dit. J’ai donc effectivement butiné d'une montagne à l'autre tout au long de l'été… Pas tous les jours, finalement; trois ou quatre fois par semaine s’est avéré plus que suffisant (du moins, pour mes articulations). Et c’est un des plus beaux cadeaux que je ne me suis offerts… Je suis sortie de cette période profondément rassasiée, remplie d’une belle fraîcheur à partager – et certainement beaucoup plus apte à accomplir ce que je voulais réaliser. Et cela m’a bien sûr préparée, sans le savoir, au choc du diagnostic de ma mère… Il va sans dire que j’aurais été beaucoup moins solide à ce moment si je ne m’étais pas ressourcée aussi intensément avant. (Ma mère continue son «amour-thérapie» et se porte toujours bien, en passant… Merci encore pour vos bons mots et votre accompagnement!)

Évidemment, plusieurs choses seraient «super»… On peut tous imaginer des centaines d’expériences à goûter et d’avenues à explorer. Je ne fais toutefois pas référence à ces petites envies passagères (même si elles sont certainement dignes d’intérêt)… Non, je pense plutôt aux élans puissants qui cherchent à s’exprimer. Aux soifs intenses qui doivent être étanchées.
Ainsi, de quoi avez-vous profondément envie ou besoin, présentement? Que vous sentez-vous puissamment appelé à faire?
Parfois, nos élans peuvent nous donner l’impression d’être un peu à côté de notre vie… Comme s’ils provenaient d’un espace déconnecté de notre réalité. Partir en voyage pendant deux mois? Pas les moyens, évidemment! Changer d'orientation professionnelle? Quand même, pas à mon âge… Prendre un bain aux chandelles plusieurs soirs par semaine? J’adorerais, si j’avais le temps…
Or, l'une des plus grandes choses que j’ai apprises, et que je sais maintenant jusqu’au fin fond de mes tripes, est que nos élans profonds ne nous habitent jamais par hasard. Ils ne débarquent pas d’un monde parallèle peuplé de coccinelles géantes ou de licornes à trois têtes… Ils connaissent notre âge, notre budget, notre poids, notre horaire, notre passé – oh, et notre avenir, aussi, j’ai remarqué. Et s’ils se manifestent malgré tout, malgré toutes nos contraintes, c’est parce qu’ils ont une puissante raison d’être… Ils savent que l’on peut trouver les moyens de les rencontrer, et ils savent que le prix à payer – aussi élevé nous semble-t-il – est minime comparé à tout ce qu’ils souhaitent nous apporter.
Ainsi, je vous le demande encore une fois, Roselyne: quels sont vos élans du moment? Écoutez-les. «Écouter» ne veut pas dire tout changer du jour au lendemain, en passant, mais les prendre au sérieux, pour commencer. Leur faire une petite place, pour qu’ils puissent germer. Ainsi, je disais donc: écoutez-les. Car peut-être ne vous semblent-ils que «super» pour le moment… mais pour les belles et grandes choses que vous êtes en voie de créer (et les défis que vous rencontrerez, peut-être), ils sont extrêmement importants.
Je vous envoie un gros baril de poussière d’étoiles. Passez une magnifique semaine! :-)
