Tant de guerres nous environnent de partout. Comment se situer personnellement dans le maelström ? Nous vivons plusieurs temps à la fois. Mais l’essentiel vit hors temps. Cela peut faire songer à cette conversation d’un journaliste, il y a 25 ans, avec Gitta Mallasz, le « scribe » des fameux Dialogues avec l’Ange. Cela se passait au moment de la première « Guerre du Golfe ». Perturbé par la fulgurance électronique du fameux assaut supposé « chirurgical » des Américains contre l’Irak de Saddam Hussein, le journaliste se demandait comment diantre il avait été possible à des êtres humains (presque tous juifs) de demeurer calmes – et même de danser de joie – au milieu de l’horreur nazie et des flammes monstrueuses de la seconde Guerre Mondiale.
« Finalement, demanda-t-il, la guerre ne nous environne-t-elle pas de partout : guerres économiques, guerres religieuses, guerres ethniques, guerres politiques, guerres sociales, guerres raciales, guerres culturelles, guerres psychologiques, guerres médiatiques, guerres conjugales, guerres générationnelles, guerres qui font tant jouir notre sado-masochisme et qui se soldent par tant de souffrances, que je nous vois hélas définitivement englués dedans ? »
La réponse de Gitta Mallasz avait fusé : « Peuh ! La guerre, mais c’est l’habitude. La routine. Le train-train le plus banal. C’est une gigantesque couche de paresse, vois-tu (elle tutoyait systématiquement ses interlocuteurs qui lui paraissaient sympathiques) : depuis que l’humanité existe, c’est la solution flemmarde. Or, l’habitude et la flemme sont les signes du Menteur. Du Malin. Cette “nouvelle forme de guerre”, dite “chirurgicale”, inventée par les Américains, n’a que les apparences de la nouveauté. La signature de l’Ange, au contraire, c’est le vraiment nouveau, le jamais vu, le jamais entendu. Le problème, mon ami, c’est que nous ne connaissons pas la Paix, mais seulement des entre-deux-guerres.
Hors de nous et en nous. Tu veux résister à la routine de la guerre ? Travaille à faire éclater la joie en toi !
- Mais quelle influence ma propre joie aura-t-elle sur les millions de morts de par le monde ?
- Chaque petit doigt que tu lèves influence l’ensemble de l’univers.
- Euh…
- Tu n’y crois pas ?
- Ce que je crois sincèrement, c’est que, même si personne ne me connaît, ni ne me voit, même si je vis tout seul sur une île déserte, il est pensable que je puisse, en créant un comportement radicalement nouveau, influencer l’humanité entière. Seulement… créer un comportement radicalement nouveau, cela ne va vraiment pas de soi. Et puis, pour une personne en paix tant d’autres sont en guerre… Nouveauté contre inertie : je crains que le déséquilibre ne se fasse toujours en faveur de la violence.
- Le problème, vois-tu, n’est pas la violence, mais le mensonge. Tu veux comprendre pourquoi mes amis de Budapest pouvaient, comme tu dis, “danser de joie” alors que la guerre nous entourait ? Eh bien, le mensonge leur était devenu im-pos-si-ble et, du coup, ils comprenaient pourquoi l’humain est un Créateur, qui échappe au fleuve du mental et du temps! Souviens-toi : la vraie joie n’a d’autre raison qu’elle-même, car l’essentiel se joue hors temps. Réfléchis bien à ça. »
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