
Tout ce que l’être humain peut acquérir par sa créativité – denrées, biens, connaissances, argent – représente une valeur d’échange, de partage et de service. Tout ce qu’il acquiert doit servir à mieux se connaître pour être davantage. Ainsi, dans l’Unité des consciences, chacun gagnerait à ne rien chercher pour lui-même exclusivement, sauf ce qui se démontre nécessaire, essentiel ou indispensable pour le travail qu’il doit faire ou l’expérience qu’il veut mener. L’accumulation des objets ou des connaissances ne sert aucune finalité propre : tout doit être utilisé pour le service de Dieu, à travers les autres créatures, et l’atteinte de son But ultime.
Dans ce contexte, le but de la vie étant la redécouverte de son être en pleine conscience, seul celui qui ne désire rien pour lui-même, mais pour l’expansion de l’ensemble cosmique, peut devenir le digne et prospère canal de l’Approvisionnement universel, aussi appelée la Providence divine. Seul celui qui se fait fontaine peut obtenir abondance de biens et d’argent afin de le distribuer les richesses de l’Univers. La raison du passage sur Terre n’étant pas de s’enrichir, mais de prendre spirituellement de l’expansion, toute richesse recherchée pour d’autres motifs et acquise autrement représente, par un emploi injustifié, une expérience abusive et une perte de temps, d’où celle-ci ne peut qu’entraîner, tôt ou tard, un cortège de difficultés.
On a dit que le temps, c’est de l’argent, de même que, en matière d’argent, il n’y a pas d’amis, pour démontrer son aberration dans l’usage courant. Pourtant, celui qui se fait ainsi citerne hermétique s’expose à l’explosion ou à l’implosion. Qui veut prospérer, évitant de s’appauvrir, doit savoir donner, partager, servir. Cette assertion signifie que chaque être incarné doit savoir affirmer la plénitude pour lui et pour les autres en même temps et partager dix pour cent de ses surplus avec ses semblables, ce qui représente la semence qui peut lui assurer une moisson, dans la mesure où il sait où semer et dans quelles conditions.
Dans notre société matérialiste, l’argent représente tout, au point que les individus ont perdu leur sens de la créativité. C’est le Dieu Mammon qu’il faut révérer en l’accumulant ou en amassant des biens monnayables, comme les pierres précieuses, les métaux précieux, les œuvres d’art. Si bien que la plupart des moyens actuellement proposés à un sujet pour faire plus d’argent reposent sur l’exploitation de ses semblables. Tous cherchent à se procurer le plus en donnant le moins. Il faut imposer de l’intérêt sur toute transaction. Pour construire, les gens ne recourent plus à l’inventivité de l’imagination et au concours des voisins, ils amassent ou ils empruntent de l’argent, augmentant leurs dettes. Pourtant, la Loi unique prescrit de ne jamais hypothéquer ce qu’on ne détient pas dans l’immédiat.
Parce que l’idée de quantité prime sur la qualité, l’homme contemporain est devenu un consommateur, un acheteur invétéré, étourdi et insouciant qui se croit le devoir de posséder tous les derniers bidules et gadgets à la mode. Comme les moutons de Panurge, si tout le monde le fait, il faut le faire, pour éviter de détonner, de sortir du rang. Il évalue tout en termes de «trop», d’«assez» et de «trop peu». Chacun en veut pour son argent. C’est ainsi qu’il s’est astreint au dur labeur, à la manière d’une bête de somme : forçant son âme à s’identifier à ses créations, éphémères parce que destructibles, il s’est imposé de travailler dur pour survivre, au lieu de créer mentalement selon ses besoins réels. On trouve là la conséquence d’aimer davantage les biens et l’argent que les valeurs psychiques et spirituelles.
A-t-on déjà pensé qu’en créant un besoin artificiel chez ses semblables, pour lui refiler ses productions, c’est s’imposer de trouver plus d’argent pour vivre? A-t-on déjà pensé qu’en cherchant à faire un bénéfice sur tout ce qu’on propose à autrui, on lance l’escalade infernale de la hausse des prix? A-t-on pensé qu’en produisant la cherté de la vie, on amène les gens à considérer l’argent comme une valeur absolue et à considérer qu’ils n’en ont jamais assez? Cette ligne de pensée franchie, l’argent en vient à diriger le monde, alors que c’est la conscience qui y manque le plus.
L’argent n’est jamais, à une époque, qu’un symbole arbitraire de la valeur d’échange. Il n’est qu’un moyen de se procurer des biens ou des connaissances, rien de plus. Il n’est ni bien ni mal, ni négatif ni positif. Mais il devient résolument négatif, parce qu’il amène à s’en couper, dès le moment où un être se met à réagir à lui, cherchant à en posséder toujours plus, dût-il se dévaluer personnellement en se mettant à économiser sur tout. Un tel choix ne représente pourtant qu’une faiblesse de l’imagination individuelle!
Puisque l’être humain possède un corps de matière, dans le plan physique, conformément à la loi d’Attraction, il ne peut pas échapper à la manifestation de ce qui comble ses désirs licites et ses besoins légitimes dans la mesure où il maintient sa foi dans la Providence, s’abstenant d’en douter au point de choisir de s’y prendre seul, d’aller travailler ou de procéder à des transactions d’emprunt, parce qu’il n’a pas la patience du Créateur dans le processus de la manifestation. Et s’il n’obtient pas par cette voie ce qu’il désire ou veut, c’est qu’il n’en a pas besoin autant qu’il le croit ou le dit. Bien sûr, tous doivent s’entendre sur la valeur transitoire de l’argent, puisque celui-ci facilite les relations, mais ils doivent éviter d’en ressentir le besoin au point de ne plus pouvoir s’en passer.
Si ces propos ne font pas sens, que veulent alors dire ces paroles paraphrasées de Jésus : «Regardez les petits oiseaux et les fleurs des champs. Elles ne sèment pas ni ne moissonnent. Pourtant, Salomon, dans toute sa gloire n’était, pas mieux nanti ou vêtu qu’eux.» Ou : «Avant même que vous ayez demandé, vous avez déjà reçu.» Ce dernier propos rappelle que tout préexiste, informe, dans la Substance cosmique originelle, d’où chacun peut en remplir ses moules de pensée bien faits.
L’argent n’est pas forcément un fléau, la cause de tout mal, bien qu’on dise qu’il n’a pas d’honneur. L’argent règle seulement les problèmes d’argent, il ne rachète pas le temps et il n’assure pas le salut, pas plus qu’il n’achète une sage descendance. Comme l’a dit quelqu’un, il fascine tellement le monde qu’il devient le baromètre des vertus d’une société, bien qu’il ne puisse pas assurer l’évolution ni acheter les faveurs de l’Absolu.
COMME SYMBOLE ACTUEL DE LA VALEUR D’ÉCHANGE
Comme nous venons de célébrer la période des Fêtes, un moment de course éperdue aux achats de toutes sortes, notamment aux provisions des réveillons et aux étrennes pour tous ceux qui ont gardé le cœur jeune et joyeux, il conviendrait probablement de rappeler qu’il s’agir d’abord d’un moment d’échange et de partage sincère et généreux.
Mais on ne peut impact dans le quotidien. En fait, un être ne peut s’attendre à s’enrichir autrement que par un dur labeur ou l’exploitation des autres s’il ne sait pas qu’il doit semer régulièrement environ dix pour cent de ses gains et revenus de toutes sortes à des œuvres de Lumière, dans la mesure où il est au-dessus de ses moyens.
Car ce que l’on utilise pour soi-même ou ce qu’on alloue à l’entretien de ses biens ou de ses êtres chers représente une consommation qui ne donne d’autres bénéfices que ceux que cette consommation apporte, cela ne se multiplie pas. Par exemple, quelqu’un qui achète une pinte de lait ne peut multiplier le montant qu’il investit dans cet achat, il ne pourra en retirer que les bénéfices de l’usage qu’il en fera. Tandis que le petit pourboire qu’il peut ajouter, le donnant à celui qui le sert, lui il peut se multiplier au centuple.
En Amérique et en Europe, la majorité des gens vivent bien au-dessus de leurs moyens malgré leurs jérémiades et leurs dénis, vivant même dans la surabondance. Or un don ne peut prospérer que s’il est semé en bonne terre. D’où l’injonction de donner ou de semer leur incombe impérieusement s’ils veulent que la Loi cosmique favorise leur croissance et leur prospérité.
Par exemple, les dons d’argent à une œuvre de Lumière ou à une œuvre humanitaire donnent des résultats très étonnants, s’ils sont fait selon les normes du don amoureux.
Car ce partage, qui vise à entretenir la circulation de l’énergie de l’abondance, doit commencer avec les œuvres lumineuses qui visent le bien du plus grand nombre, au sens évolutif de l’expression, car il a été dit de donner à ceux qui ont, jamais à ceux qui n’ont pas, si on compte profiter d’un taux vibratoire propice à son enrichissement et à ses divers accomplissements.
En la matière, bien des organismes charitables ne contribuent qu’à entretenir l’inconscience et l’irresponsabilité, n’intervenant pas au niveau des causes, mais à celui des effets ou des symptômes, d’où elles ne peuvent permettre de faire prospérer à travers elle un don. Par leurs choix, elles ne contribuent qu’à mettre un cataplasme sur une jambe de bois, comme dit l’adage.
Dans ce contexte, on sait à quel point l’argent brûle les doigts de certains, qui donnent de façon exagérée ou gaspillent, au-delà de ce qu’ils reçoivent, tandis qu’il colle aux doigts des autres, plus spontanément pingres ou avaricieux, qui n’osent jamais mettre à l’épreuve par une générosité spontanée la Loi cosmique de l’échange et du partage.
Une semence donne selon sa nature : ainsi, une graine de carotte donne une carotte, un service attire un service, un don d’argent attire une somme d’argent.
Et on peut obtenir le centuple de ses semences dans la mesure où on donne sincèrement, dans la pureté d’intention et dans le détachement (sans attente, sans jugement, sans arrière-pensée, sans remords).
Pour prospérer financièrement, c’est de l’argent qu’il faut semer, en évitant toujours de penser au manque ou de chercher à obtenir le plus pour son argent ou d’économiser sans cesse, ce qui revient au même. Le don cordial, plus que les placements sûrs, peut assurer une vie à l’aise et sans mauvaises surprises karmiques. Alors qu’on peut obtenir un maigre pourcentage pour l’argent que l’on place, on peut obtenir le centuple si on donne en imaginant qu’on donne au Créateur lui-même à travers les êtres qui méritent ses largesses.
Dans un sens élargi, le mot argent, qui désigne d’abord un métal, évoque la monnaie, en pièces sonnantes et trébuchantes ou en billets de banque, qui permet d’opérer des transactions financières et de s’enrichir.
Il représente le symbole de la valeur d’échange et de service, dans une société capitaliste, cette mesure d’invention humaine avec laquelle Dieu a bien peu à voir. Dans une société matérialiste, le degré de richesse qu’il confère conditionne le degré d’autonomie, d’indépendance, de liberté, d’influence, voire de pouvoir. Alors, l’argent peut devenir un bon valet, mais un fort mauvais maître.
Il est le meilleur éteignoir de l’amitié puisque, en affaires, il n’y a pas d’amis. À notre époque, presque tout s’évalue en argent, en pouvoir d’achat.
Il semble bien difficile d’acquérir le moindre bien, même un moyen concret destiné à favoriser son évolution spirituelle, sans argent.
Pourtant, l’appel évolutif n’est pas lancé au pauvre plus qu’au riche, ce qui serait une preuve d’intolérance et de manque d’amour. Dégagées de leur contexte négatif, il y a du vrai dans ces expressions qui décrivent l’argent comme une ((nécessité alimentaire)), le ((sang social)), le ((nerf de la guerre)).
Le mépris de l’argent, même s’il devait être sincère, ce qui est rare, procède de la même démarche qui présente l’ascèse et les privations de toutes sortes comme indispensables à l’évolution.
L’être spirituel, qui se veut de son temps, doit pouvoir maîtriser sa situation financière plus que toute autre, et utiliser de la meilleure manière l’argent dont il dispose à titre d’outil présentement disponible sur le plan matériel. En cela, il se sert convenablement, il sert correctement sa famille, il sert encore ses mais, son propre pays, tous ses frères humains.
L’argent est un grand problème de conscience qui se pose au chercheur spirituel qui suit un enseignement authentique et qui demande à tout recevoir gratuitement.
À l’heure actuelle, il semble difficile de demander à un instructeur de nourrir spirituellement un groupe sans demander d’argent quand il lui coûte si cher à lui-même d’assumer son rôle.
Dans son incompréhension, le candidat peut être tenté de se livrer à un calcul arithmétique élémentaire, parfois à suivre les dépenses de son enseignant ou de son aidant, jugeant sévèrement les tarifs qu’il détermine.
Bien qu’il dise apprécier l’enseignement, il continue longtemps de le suivre, poursuivant ses critiques, mais il oublie ses dépenses personnelles en folies, en caprices et en futilités. Il lui importe plus de dépenser de l’argent pour fumer, boire des limonades, manger des friandises, porter des vêtements neufs à la mode, se balader en voiture, que pour payer ses cours et ses cotisations. C’est le manque de discernement grave du jouisseur qui n’a pas su réaménager ses priorités. Il manque profondément d’amour et d’équité. À chaque époque ses vicissitudes et ses contingences qu’il faut assumer. Certains oublient rapidement les sacrifices que leur instructeur s’est imposé et continue à s’imposer, comme ceux des ancêtres qui ont formé le lignage traditionnel qui a maintenu l’Éveil spirituel. Peut-on songer à ce que, autrefois, il pouvait en coûter de renoncement pour aller s’installer dans les temples? L’instructeur n’est pas responsable de la cherté de la vie moderne. Dans une société de consommation, chacun y contribue par ses caprices et ses exigences. Elle provient du reste d’une cupidité semblable, car un tel être est, à proprement parler, cupide, voulant conserver la meilleure part exclusivement pour lui ou pour ses extravagances et ses fantaisies.
Du point de vue métaphysique, la richesse financière identifie un être habile dans ses transactions concrètes et elle signifie qu’il a réussi dans le monde matériel. Mais ce repère physique de l’énergie qu’il accumule et dépense ne constitue en aucune façon une mesure de sa valeur ni de son degré d’évolution spirituelle. On l’a dit et redit, dans une compréhension fausse, l’argent devient un bon valet, mais un mauvais maître. Chez le peuple, c’est le meilleur éteignoir de l’amitié, car en affaires, dit-on, il n’y a plus d’amis. Ainsi, le profit de l’un s’exerce presque toujours au détriment d’un autre. Mais il n’y a aucune raison qu’il en soit ainsi. Personne ne doit bouder la richesse ni croire en la vertu de la pauvreté. Ce sont des injures au Grand Pourvoyeur cosmique. L’argent est, à strictement parler, le symbole actuel de la valeur d’échange et des services. Cette mesure étant d’invention humaine, Dieu n’a que bien peu à y voir et à y faire. Peut devenir riche toute personne qui suit les lois de l’échange et du commerce en y mettant sa meilleure volonté, un vouloir dynamique et éclairé. Mais le métaphysicien préférera s’amasser des trésors imputrescibles, que n’atteignent ni la rouille ni les vers. Il misera sur sa valeur d’échange et de service amoureux. Ainsi, il ne manquera jamais de rien, surtout pas d’amour et d’énergies évolutives.
Plus on croit devoir travailler dur pour avoir de l‘argent, plus on doit travailler péniblement pour en obtenir. Beaucoup croient à tort qu’il est tout à fait normal de travailler dur pour avoir de l’argent et que, si on ne travaille pas dur pour le gagner, c’est de l’argent sale ou mal acquis. Voilà des idées erronées.
Pour obtenir de l’argent, nul n’a à dépenser une grande quantité d’énergie ni d’être à l’emploi de quelqu’un.
Lorsqu’un être y consent, l’Esprit compense de diverses manières aussi inattendues les unes que les autres. Ce qui compte pour devenir riche, c’est l’état d’esprit. Les personnes dont la référence privilégiée est l’argent devraient comprendre qu’elles dévoilent un aspect troublant de leur stade anal (rétention-excrétion).
C’est à ce stade que chaque être se forme à la notion sociale de l’échange. D’après Freud, les selles figurent un bien précieux qu’on ne sacrifie que dans la mesure où on sent ce processus apprécié ou qu’on sent le besoin réel d’y répondre. L’éducation à la propreté doit combler, rapporter un dividende, une satisfaction quelconque, une compensation, un bien-être, un agrément, une libération personnelle.
La qualité à associer à l’argent est la générosité, cette vertu d’une personne qui donne largement dans le désintéressement, donc sans crainte, sans attente, sans arrière-pensée et sans jugement.
Étymologiquement, être généreux, c’est ((être de bonne race)), donc se reconnaître membre de la Fraternité cosmique, appelé à échanger et à partager sincèrement et loyalement avec les autres Fils et Filles du Père divin. La véritable générosité est une qualité naturelle de l’âme qui exprime la bonté, la bienfaisance, la compassion, la collaboration et l’amour.
Elle rappelle qu’il faut faire profiter les autres des biens et des bienfaits que Dieu et la Nature offrant de façon prolifique, mais sans idée de retour, dans le silence et le secret. C’est un gage de libération intérieure. Mais des aberrations prévalent sur la nature et la signification de la générosité. Elle ne prend pas sa valeur dans le geste posé, mais dans la façon de le poser, avec cœur et désintéressement, pour le simple plaisir de plaire à Dieu et de répondre à sa Volonté impérieuse de toujours agir comme cellule du Grand Corps mystique, de l’Âme universelle.
On n’est pas généreux pour avoir simplement donné de l’argent à une œuvre de charité présumée. On n’est pas généreux si on donne pour retirer un avantage ou si on s’expose ostensiblement dans une intention vaniteuse. Cela, c’est témoigner de mercantilisme ou tenter de faire de l’épate. On donne plutôt parce qu’on a bien compris la Loi cosmique qui le requiert tout simplement.
À travers chacun, la Vie doit circuler abondamment, non rester emprisonnée. Tout acte de générosité doit viser à répandre le bien autour de soi, à propager la lumière. Ainsi, chacun doit distribuer ses bienfaits seulement à ceux qui en ont besoin et qui en feront un bon usage. Qui donne sans discernement, par exemple pour acheter de l’estime ou se faire voir, sera frustré et il deviendra agressif si ses largesses sont contestées ou dilapidées.
Quant au défaut à associer à l’argent est l’avarice, ce vice qui désigne l’attachement excessif aux richesses et qui amène à les accumuler sans accepter de partager et d’échanger.
L’avarice représente une perversion de l’instinct de conservation qui implique le fait d’être attaché de façon inquiète à son argent, à ses biens ou à sa position sociale. Elle conduit à fixer son attention sur l’argent, à s’y attacher de façon excessive, à accumuler et à retenir ses richesses, à épargner bien plus qu’il en faut pour ses besoins futurs. Ainsi, il s’empêche de vivre crans le présent, dérivant toutes ses énergies dans l’acquisivité, la thésaurisation de biens putrescibles.
Pour ironiser, on pourrait dire qu’il ne l’emportera pas au paradis!
Les Maîtres, comme les psychologues, assurent que l’argent est relié aux selles, la première valeur d’échange de l’enfant avec le monde ambiant. Essayons de nous rappeler à quel point l’acte de déféquer peut être important pour un enfant. Quelque chose qu’il a lui-même transformé, seul, sort de son corps et se détache de lui. S’il est éduqué à la propreté de façon sereine, il deviendra généreux de ses biens. S’il y est forcé par une éducation sévère, il deviendra constipé… et avaricieux.
Ce vice provient d’un problème de dévalorisation personnelle qui s’explique par le manque de confiance en soi et d’audace, conduisant à une insécurité profonde, à un doute lancinant à propos de l’avenir, à un doute par rapport à la Providence de Dieu.
Il ne sait pas profiter de son bien, il entretient une perspective de vie purement matérielle, il éprouve une affection excessive pour ses êtres chers. Alors, le sujet devient envieux, jaloux, redoutant la concurrence des autres. En fait, la cupidité exprime un état de servitude découlant du fait qu’on doute de son savoir-faire et de son pouvoir de renouveler ses énergies créatrices.
Dévitalisé, épuisé au niveau des idées, le sujet ne laisse plus couler l’énergie créatrice parce qu’il l’accapare. Il s’indigne, empêchant toute progression vers le succès, amenant tout à stagner dans sa vie. Il a perdu sa motivation ou sa stimulation de créer de nouvelles réalités. Il a perçu la richesse comme un but plutôt que comme un moyen d’échange. En effet, qu’est-ce que l’argent? Il n’est jamais que le symbole actuel de la valeur d’échange. Il révèle le prix qu’on accorde aux choses, aux autres et à soi-même.
Dès que l’on sombre dans l’égoïsme, on pense plus à prendre qu’à donner. Alors, on ralentit progressivement le flot de l’énergie créatrice qui coule en soi. La récompense financière que l’on escompte doit provenir d’un travail créateur, non de la spéculation. Elle résulte de l’estimation personnelle de son travail, du sens évolutif et humanitaire qu’on lui accorde. C’est en l’oubliant qu’on pense à recourir à la force pour protéger arbitrairement ses biens, ce qui explique que l’argent est responsable de bien des maux sur la Terre, surtout des guerres. On veut prendre de force ce qu’on ne peut pas se donner à soi-même, s’il s’agit d’un bien essentiel. Dès qu’on n’est plus créatif, on devient un prédateur qui voit tous les autres comme un rival potentiel.
Mais cette croyance se retourne tôt ou tard contre soi-même. On en vient à ne plus s’estimer qu’à travers sa productivité ou ses avoirs et, peu à peu, on perd l’un et l’autre. Et, en perdant ce qu’on a de plus précieux, on ne trouve plus de raison de vivre. En s’accrochant trop avidement à ses ressources, on provoque une stagnation de l’énergie créatrice, rendant impossible toute croissance matérielle ultérieure. L’argent est fait pour passer de main en main afin de permettre à chacun de fournir ses produits ou ses services, obtenant, du même coup, le moyen de profiter de ceux d’autrui. L’argent n’est pas fait pour être thésaurisé, mais pour accroître ses biens, ses moyens, son confort, son bien-être, ses connaissances à traves sa créativité personnelle. Qui l’oublie en couvant de trop près son trésor n’a plus rien à gagner. Alors, il cherche à exploiter les autres, une attitude qui le confine à une existence amère et isolée.
En accumulant les biens et l’argent, en refusant de les faire circuler, en s’y attachant de façon inconsidérée, l’avare refuse à la Nature et à Dieu leurs justes compensations.
Il détient ces richesses égoïstement, se refusant de payer en retour. Il ne lèse ni Dieu ni la Nature, il se lèse lui-même. Patients, Dieu et la Nature reprendront toujours leurs droits au moment de sa transition. C’est l’avare lui-même qui se condamne à vivre dans la crainte du vol, dans la sécheresse du cœur, dans l’amertume de l’esprit, menant une vie sans joie. S’il acceptait seulement de dépenser son argent pour lui-même et de mieux rétribuer ceux qui lui rendent service, en respectant strictement les lois de la Nature et les principes spirituels, même sans libéralité, pour autant il ne maugréerait pas et n’éprouverait aucun de perte, parce qu’il se dit qu’il investit dans son bonheur et dans celui des autres, il se servirait déjà bien lui-même.
Et, ce faisant, il servirait bien les autres, respectant la loi de la compensation, s’il ne respecte pas celle de l’échange et du partage. Car nul n’est tenu de partager ses biens et son argent avec ceux qui ont moins ou qui n’ont pas. Le devoir de l’échange et du partage se situe au niveau de la conscience, non à celui des formes. En se servant soi-même, en se procurant ce qui est nécessaire à bien vivre, on augmente déjà sa prospérité, son bien-être et sa joie personnelle. Et on contribue à l’avancement d’autrui parce qu’on fait passer ce qu’on acquiert dans d’autres mains.
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