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2017-10-26T05:16:00+02:00

Peut-on tout pardonner ?

Publié par ♥ Rose - lyne du sud ♥

"Pardonner, ce n'est pas oublier, c'est réussir à apaiser la blessure suscitée par autrui."

Getty Images/iStockphoto

Infidélité, trahison, maltraitance ou crimes plus odieux... Pour certaines victimes, le pardon relève de l'impossible, pour d'autres, il est une nécessité dans leur reconstruction. Peut-on vraiment tout pardonner?

 

Il y a quelques semaines, François Cluzet confiait lors d'une interview qu'il ne pardonnerait jamais à Bertrand Cantat d'avoir tué Marie Trintignant, son ex-compagne et mère de son enfant. Un cri du coeur qui fait écho en chacun de nous mais qui, aussi, interroge: vivre dans la rancoeur et le ressentiment n'est-il pas source de souffrance? Comment dépasser la haine que l'on éprouve pour celui ou celle qui nous a blessé? De l'infidélité aux crimes les plus odieux, de la maltraitance infligée par un parent au meurtre d'un enfant, d'un(e) conjoint(e), tout est-il pardonnable? Si oui, que peut nous apporter ce pardon et comment y parvenir? 

Un pardon délesté de sa dimension religieuse

"Ma réponse est oui, je suis, en tant que thérapeute, convaincue que l'on peut tout pardonner. Je pense même que plus la blessure est grave et plus le pardon peut être un facteur utile pour retrouver sa liberté et son bien-être psychologique. Mais attention, je parle là d'un pardon qui se rapproche plus du concept de la résilience que de la notion religieuse qu'on nous a souvent inculquée", répond la psychothérapeute Béatrice Voirin

 

"Pardonner, prévient-elle, ce n'est pas oublier, c'est réussir à apaiser la blessure suscitée par autrui. C'est au fond assez égoïste, c'est se dire "Je ne suis pas responsable de ce qui m'est arrivé de douloureux, du mal que l'on m'a fait quand j'étais enfant par exemple, mais je peux à partir de maintenant décider de ne pas avoir à payer la double-peine, la douleur d'avant et la douleur de maintenant et je suis responsable du chemin que je vais prendre." Une façon, poursuit Béatrice Voirin, "de reprendre sa vie en main, de ne plus laisser le 'bourreau' guider notre vie."  

Ce à quoi s'est employé Xavier, 43 ans, battu par son père lorsqu'il était enfant. "J'ai mis des années à ne plus ressentir cette colère, refusant de voir mon père, même au plus fort du cancer qu'il avait développé. Et puis à quelques jours de son décès, j'ai compris que si je laissais cette haine prendre le pas, je permettais finalement à mon père d'avoir le dessus, même mort. Alors je suis allé le voir une dernière fois et j'ai fait la paix. Je n'oublie rien, je n'excuse rien, mais j'ai pu pleurer sur sa tombe et je me suis délesté de ces sentiments qui m'empêchaient de vivre. Je ne sais pas si j'ai pardonné, mais je ne lui en veux plus et depuis, je vais mieux."  

 

Pardonner pour (enfin) se débarrasser du statut de victime

"Pardonner implique de ne plus accepter d'être une 'victime' au quotidien et c'est parfois difficile", reconnaît Béatrice Voirin. Le libre choix de pardonner incombe en effet toujours à la victime, et plus la souffrance a été grande, plus la violence a été grande, plus c'est difficile. "Certains ne peuvent pas le faire, parce que cette haine, cette colère leur sert de béquille, de motivation pour continuer à vivre". 

C'est le cas pour Cathy, qui ne parvient toujours pas à tirer un trait sur l'infidélité, des années durant, de son ex-mari. "Depuis cinq ans qu'il m'a quittée, pour une femme qu'il fréquentait donc bien avant qu'on se sépare, je n'arrive pas à cesser de lui en vouloir. Et je sens que d'une certaine manière, cette colère est devenue ma compagne. D'après ma psy, j'ai peur de m'en défaire, parce qu'une fois que je ne ressentirai plus cela, que me restera-t-il de notre mariage? J'ai l'impression que mes sentiments négatifs ont pris toute la place et que m'en débarrasser, c'est accepter le vide, c'est accepter que lui s'en sorte et moi non. Et en même temps, je suis consciente de faire du surplace." 

Un processus qui ne se "décide" pas

"Dans les cas où le pardon est trop difficile à accorder, il faut laisser faire, attendre qu'un jour peut-être...ou pas. C'est un libre choix qu'il faut toujours accepter sans juger", commente Béatrice Voirin. Un avis partagé par la psychanalyste Laura Gélin. "Je n'aime pas tellement ce mot de 'pardon', trop empreint de morale religieuse. L'injonction au pardon peut provoquer pas mal de culpabilité chez ceux qui n'y parviennent pas. Notre rôle en tant que thérapeute est d'accepter le patient dans l'état où il se trouve. Pardonner est en effet souvent salutaire. Mais pour certains ce n'est tout simplement pas encore le bon moment. Je crois surtout que le pardon ne se "décide" pas. Il est le résultat d'un processus, d'un cheminement. Pour dépasser sa colère et sa haine, il faut avoir accepté de traverser ces émotions. Les avoir ressenties." 

Autrement dit, oui au pardon lorsqu'il est l'aboutissement d'un travail sur sa souffrance, non au pardon s'il est destiné à nier cette souffrance, voire à la gommer. "La phase de catharsis est indispensable lorsqu'on a été victime de maltraitances, physiques ou psychologiques. La résilience ne peut se faire qu'au terme de cette phase là", résume Laura Gélin. 

 

Pardonner oui, excuser non

 

"Pardonner ce n'est pas excuser, ni même absoudre, ce n'est pas non plus nier la faute, c'est la décision de ne pas, de ne plus vouloir se venger. De ne plus souffrir ", développe quant à elle Béatrice Voirin. "Cela n'implique pas non plus de vouloir relativiser l'agression. Ni même de devoir se réconcilier ou recevoir des excuses, même si les excuses sont souvent très salvatrices. On pardonne pour soi, avant tout, pour se libérer soi-même de la haine et du ressentiment." 

 

La psychologue évoque à ce titre un documentaire réalisé sur "le chemin d'une femme vers le pardon qu'elle voulait accorder à l'homme qui avait assassiné son fils et qui attendait dans le couloir de la mort". "C'était bouleversant, passionnant. Elle racontait en être sortie tellement apaisée. Et fière aussi." Pour Béatrice Voirin, pardonner ne veut par ailleurs pas dire ne pas punir, sûrement pas". "Mais ça c'est le rôle, pour les cas les plus graves, de la justice. Elle est là pour ça. Et heureusement." 

"Changer son regard sur ce qui nous est arrivé à défaut de pouvoir changer ce qui nous est arrivé"

 

Dans les faits, conclut Béatrice Voirin, pardonner se fait la plupart du temps en deux temps: "Il y a d'abord ce moment ou la personne prend conscience qu'elle est (encore) victime, prisonnière du ressentiment et du désir de vengeance et que le prix a payer est fort". Ensuite, il faut procéder à une "intégration profonde de la démarche de pardon". Cela implique de changer notre regard sur le monde, sur ce qui s'est passé": "puisqu'on ne peut pas modifier ce qui est arrivé, on peut modifier le regard que l'on porte sur ce qui nous est arrivé!"  

 

Pour ce faire, la thérapeute recommande la pratique del'hypnose, ou de la PNL (programmation neuro-linguistique), notamment. Margot, 32 ans, est parvenue grâce à l'EMDR à "sortir de l'enfer dans lequel une agression dans la rue l'avait plongée". "En parvenant à ne plus éprouver de terreur, à ne plus être obsédée par ce qui m'était arrivé, j'ai peu à peu réussi aussi à ne plus haïr celui qui m'avait fait ça. Je pensais que je n'y arriverais jamais, mais il est sorti de ma vie. Je ne lui souhaite pas de mal, pas spécialement de bien non plus, mais il n'est plus un sujet." 

 

Enfin, constate Béatrice Voirin, "c'est beaucoup plus facile de pardonner après avoir été reconnu comme victime dans un premier temps et encore plus quand la personne qui nous a fait du mal veut bien le reconnaître". Mais, prévient-t-elle, ce n'est pas toujours possible -décès par exemple ou déni du bourreau- et comme c'est une démarche pour soi, une démarche intellectuelle, au fond, on peut aussi y arriver sans. Le secret résidant dans la dissociation "du pardon que j'accorde, personnel et égoïste, de la personne qui m'a portée préjudice".  

 

A lire pour aller plus loin: Peut-on tout pardonner? par Olivier Clerc, aux Editions Eyrolles, mai 2015. Pour répondre à cette interrogation, l'auteur redéfinit ce terme "souvent galvaudé" et identifie une quinzaine d'obstacles au pardon qui empêchent la plupart d'entre nous d'avancer sur cette voie de "guérison des blessures du coeur". S'appuyant sur des exemples concrets, il propose quatre manières de cheminer vers le pardon.  

 

Source

 

http://www.lexpress.fr/styles/vie-perso/

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